Cyrano de Bergerac - Alfano - Alagna

Publié le par Jim

Dimanche j'étais à l'Opéra Berlioz de Montpellier pour assister à l'une des représentations du Cyrano de Bergerac d'Alfano interprété par l'un de mes chouchous du moment (en fait je le suis depuis quelques années déjà) : Roberto Alagna.
On pourra lui reprocher son omniprésence (omnipotence ?) sur la scène internationale ou ses choix artistiques, mais il reste l'une des grandes et belles voix de l'opéra d'aujourd'hui.
Bref, aux anges, j'étais en m'installant au 7ème rang, siège L7, de la grande salle, montpelliéraine.
Je devais malheureusement déchanter quelques minutes plus tard.
D'abord lorsque le directeur de la salle est arrivé sur scène il y a eu comme un grand silence curieux et interrogateur : "c'est qui ce mec avec son micro ?". L'annonce fut sans équivoque : "Monsieur Alagna souffre d'une trachéite, mais a souhaité assurer tout de même le spectacle". Soupir de soulagement général. Les petites grand-mères (il faut dire qu'il n'y a presque que ça autour de moi) en font frémir leurs mini-vagues d'aise; les chignons couleur mauve s'agitent de soulagement.
Rideau.
Alagna est là, comme je l'aime, beau, une prestance sans pareil. Mais la voix n'y est pas.
Après quelques minutes, le premier "grand air" (il n'y en a pas vraiment en fait dans ce Cyrano là) arrive et là, c'est la "chute". Alagna s'étrangle au bout de quelques secondes. L'orchestre s'arrête, les dizaines de figurants se figent. J'ai mal au coeur pour lui. Tentative de reprise. Laborieuse. La voix n'est qu'un pâle spectre de ce que sait faire le Ténor. Graves trop graves; aigus palichons.
Le premier acte arrive tout de même à son terme.
Alagna ne reviendra pas.
Il est remplacé au débotté par un certain Eric Bertollini. Vaillant, courageux de passer derrière un type aussi brillant et adulé que Monsieur Roberto Alagna. Il ne s'en tirera pas si mal, même si, vision pathétique, dans les aigus il fait semblant de chanter !
L'oeuvre elle, est surprenante. Peu connue, rédigée en français par un contemporrain de Puccini. Riche, fluide, admirablement orchestrée. Malgré les aléas de casting, le plaisir est bien présent. La scène, déjà présente dans sa quasi intégralité dans le livre de Rostand, du balcon est émouvante. La soprane donne à Roxane une belle dimension, extrêmement touchante.
Le mise en scène est de David... Alagna; les décors de Frédérico... Alagna. Le ténor travaille en famille (on les appelle d'ailleurs "le clan des siciliens" !). Une réussite, même si certains reprocheront à l'ensemble d'être par trop académique.
La soirée s'est achevé par un dîner à l'opéra Comédie, la salle historique de Montpellier, en la présence des interprètes sans Alagna of course !

Publié dans Et la culture bordel !

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P
l'opéra et ses désagrements. inoubliable pour moi cette représentation de la Cenerentola avec une Berganza...souffrante. C'était, il y a longtemps. IL y en eut d'autres mais Berganza, franchement...
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J
Tu as eu la chance de voir le Cenerentola avec la Berganza !! Quelle chance... j'ai justement un enregistrement de cet opéra avec elle... un grand moment, c'est d'ailleurs avec elle que j'ai découvert Rossini et qu'il est devenu l'un de mes compositeurs favoris !
S
Roberto, Roberto<br />  <br /> Au fait, ça devait sentir la naphtaline, vu ton entourage.....<br /> Et tu as oublié de mentionner l'épisode de la voiture sur le trajet du retour, et quand je pense que pendant ce temps là je regardais la couleur Pourpre......
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J
La panne de bagnole c'était pour le fun... un aléas dans une bien belle soirée, même si le beau Roberto s'est fait porter pâle.